COLLOQUE SUR L’AVENIR DE L’ART
DU 31 MAI ET 1ER JUIN
PRÉSENTATION DE DIANE HUDON
Diane Hudon | L’art visuel vu par une artiste peintre autodidacte
Peindre des toiles en autodidacte apparaît pour certains comme un passe-temps. Pour Diane Hudon, cette activité se présente pourtant comme une passion et un mode de vie. Ainsi, par l’intermédiaire de son parcours et de sa démarche, l’artiste partage son travail, celui de ses influences et considère leur inscription dans l’univers de l’art visuel. Peindre est sa dernière carrière, celle qu’elle aura pratiquée le plus longtemps.
Originaire de Rimouski, Diane Hudon est une peintre autodidacte. Elle peint depuis 20 ans des toiles dans un style libre et naïf. Son désir d’améliorer ses connaissances l’amène à expérimenter différentes techniques, différents médiums et différents outils. Dernièrement, elle a choisi de suivre des cours au sein du programme en Arts visuels du Cégep de Rimouski, en parallèle à la formation du programme court.
Début de ma présentation
L’art visuel vu par une artiste peintre autodidacte
Pour débuter voici ce que ma recherche m’a permis de faire comme parallèle entre
L’Artiste-peintre et l’artiste-peintre autodidacte:
L’artiste-peintre issu des grandes écoles en a fait un métier dès le départ. Il connait et utilise les techniques pertinentes à son art et il a étudié les démarches des anciens et des maîtres pour trouver sa voie. Il n’y a souvent rien de naif dans son oeuvre, tout est construit, prémédité, planifié.
L’autodidacte qui apprend de ses expériences est souvent considéré comme un peintre du dimanche, qui peint pour son plaisir.
Il développement différemment sa capacité de réflexion, d’adaptation, d’acquisition, son potentiel de réussite, son savoir faire et son savoir-être.
Il devra prouver que pour lui la peinture c’est un mode de vie et une façon de s’exprimer. On associe souvent ses créations à de l’art brut, l’art singulier, l’art naïf ou encore la figuration libre, pour ma part je qualifie les miennes d’expressions créatives.
Le diplôme ne fait pas l’artiste, mais il atteste d’une culture artistique et de la maîtrise de matériaux et de technologies modernes. Une formation artistique n’est pas contraire à une vocation créatrice.
L’autodidacte ira chercher les techniques nécessaires à son avancement au fur et à mesure de ses expériences.
Une constante chez les artistes de métier et les artistes autodidactes… ils revendiquent la liberté de s’exprimer et veulent toujours être plus créatifs, autant dans leur production que dans les messages qu’ils veulent transmettre.
Qui-suis-je
Rimouskoise d’origine j’habite St-Fabien-sur-Mer depuis plus de 12 ans.
D’ou me vient mon intérêt pour les arts, pour la peinture, mon expérience source comme dirait Danielle :
J’ai fouillée loin… dans mes gêne, probable que ce sont les intérêts et la débrouillardise des femmes de ma famille qui m’ont orientée
- Une grand-mère veuve avec 14 enfants, couturière pour élever sa famille et nous gâter …; grâce à elle dès l’âge de 13 ans je créais ma garde-robe
- Une mère coiffeuse, femme au foyer avec des pensionnaires et organisatrice de buffet (traiteur)… elle était reconnue pour mettre de la couleur et de la variété dans ses assiettes. Elle n’arrêtait jamais, tricot, crochet, broderie, tissage, il y avait toujours des boules et des fils de couleurs autour d’elle. Sa pratique des arts traditionnels l’on amenée à être une juge reconnue et estimée lors d’expositions régionales jusqu’à la fin des années 1990.
Dans les années 1970 elle avait suivi un cours de sculpture avec Peggy et dans les années 1990 elle m’a invité à participer avec elle à un cours de peinture.
- Mon père, homme de lettre qui transportait des lettres d’amours aux madames (comme disait ma jeune sœur); était facteur, le 3e de sa génération comme employé des postes, un de mes frères en en fut le 4e);
Malgré tout ce que je viens de vous dire des femmes de sa vie, mon père nous disait qu’il n’y avait pas d’artiste dans la famille, que nous ne pouvions donc pas avoir hérité de ce talent !!! Donc, enfant notre énergie était orientée vers des activités plus sportives qu’artistique… !!!
Jeune ma créativité c’est donc exprimée à l’école dans les activités parascolaires et dans les arts familiaux (cuisine, tricot, crochet, couture, etc…).
C’est probablement tout ce monde qui a mis de la couleur dans ma vie, qui m’a transmis l’intérêt, la persévérance et la passion pour ce que l’on fait.
Cependant un de mes premiers souvenirs de mon enfance ressurgie régulièrement:
Notre mode de vie aussi car nous passions tous nos été sur le bord du fleuve à l’Anse au Sable ou je me revois sur le bord de plage fouillant dans le sable pour y trouver des trésors de couleurs, des petites pierres multicolores et des tessons de bouteilles colorées. Je devais avoir 3 ou 4 ans.
Mais à cette époque il était important d’avoir une formation plus pertinente au monde du travail qui nous entourait. Au secondaire, après un an dans une école d’art familial, j’ai donc terminé mes études en 1967 avec une 12e année et une scolarité de commis-comptable.
Mes expériences antérieures
Vouloir, connaître, en savoir plus et transmettre mes connaissances revient comme un mentra dans tous les postes que j’ai occupés durant mes 35 ans de travail dans des organisations privées, gouvernementales, aragouvernementales et pour des multinationales.
Toujours comme Autodidacte …. en effet je suis quelqu’un qui a appris par elle-même, qui recherchait les moyens de réaliser et de faire des progrès en allant chercher les éléments nécessaires pour avancer… Comme vous voyez, le mot chercher revient souvent…
J’ai occupé des postes de niveaux techniquex en gestion de personnel, en informatique, en santé et sécurité au travail et dans la vente comme représentante de compagnies.
Je postulais par intérêt, m’informait et faisait des recherches sur le poste à combler, apprenais sur le tas, expérimentais, suivais des cours pertinents aux emplois occupés et par la suite voulais connaître autre chose. Vous constaterez, plus loin, que ma pratique artistique ressemble à ça.
Mon parcours artistique
Dans ma jeunesse j’ai exploré le dessin, les émaux, la poterie. Comme déjà mentionné précédemment c’est dans les années 1990 que j’ai découvert la peinture en m’inscrivant avec ma mère à un cours auprès de Marquise Leblanc qui m’a toujours impressionné pour sa créativité.
Avec d’autres artistes dont plusieurs de la région j’explore la peinture à l’huile et l’acrylique et fait quelques essaies à l’aquarelle. Mon intérêt se démarque pour la peinture acrylique pour sa versatilité et ses nombreuses opportunités. D’une nature passionnée, j’ai eu le goût d’explorer plus loin ce nouvel intérêt qui devient avec le temps ma nouvelle carrière. En effet, au retour de 2 longs séjours au Mexique je décide que la peinture sera mon dernier projet de travail et de vie.
Vers les années 2003, afin d’aller plus loin dans ma pratique, les ressources académiques n’étant pas à ma disposition, je m’implique dans la création d’une organisation d’artistes de la région ce qui me permet d’en connaître d’avantage sur le milieu. Parallèlement, je m’implique dans l’organisation d’un symposium et la gestion d’une galerie d’art. Toutes ces activités me passionne et me stimule dans ma production de peinture.
Je participe à des ateliers avec des peintres qui m’attirent pour la vivacité de leurs couleurs. Je peux reproduire ce que je vois, principalement les paysages qui m’entourent, cependant lorsque je me laisse aller à peindre d’une façon spontanée mon style est plutôt naïf et expressif.
Dès 2005, suite à la demande de mon entourage je donne des ateliers d’initiation à la peinture acrylique que je perfectionne et transforme en atelier d’expressions créatives. Cependant je veux aller plus loin dans ma création et innover… je ne veux plus produire… je veux créer.
Ma pratique
Curieuse, je veux en savoir plus sur la couleur comment l’utiliser, j’explore les façons de faire lors d’expositions, ce qui m’amène à côtoyer d’autres artistes que je qualifie de coloristes par l’usage et le mariage qu’ils font de la couleur tel que :
Ljubomir Ivankovic issu d’une école d’art classique européenne (d’origine serbe, il a aussi étudié en France), les québécois Yvon St-Aubin et Louise Marion, et Cristobal un québécois d’adoption (Origine chilienne) pour ne nommer que ceux qui ont eu une influence sur la pratique de ma peinture.
Mon désir d’explorer et d’aller ailleurs que dans le paysage m’ont amenée à rechercher à m’exprimer par la couleur… mes toiles ne sont plus la représentation visuelle de ce que je vois mais de ce que je ressens devant un paysage, ou un autre sujet. C’est la couleur qui parle, qui s’éclate… parfois c’est l’éclat d’un coucher de soleil ou tout simplement un contraste de couleurs souvent dans mes paysages il y un côté naïf qui transparait.
Suite à des problèmes de santé avec l’huile et ses produits, j’adopte définitivement l’acrylique. Je ressens le besoin de peindre sans pinceaux ou autrement avec des outils non conventionnels tels les mains, la spatule, des vaporisateurs, je joue avec la peinture, la dilue, la vaporise, etc… pour ce faire je travaille dehors sur chevalet, sur table, à terre, sur le gazon, sur le terrain et je profite des éléments tels le soleil, le vent, etc…
Cette façon de travailler m’amène à vouloir en savoir plus sur l’acrylique, la façon d’utiliser les médiums. Je communique avec les compagnies pour en savoir plus sur leurs produits. J’ai l’occasion de connaître de nouveaux artistes qui ont des toiles et des techniques qui m’attirent tels: Stéfanie Vallée artiste québécoise qui vit maintenant de son art à Changai et qui réalise 80% de ses toiles sans pinceau et Françoise Issaly qui a mon avis maîtrise très biens les médiums; ces deux artistes auront une influence sur ma nouvelle production.
Ces rencontres m’ont permis d’oser, d’aller au delà du figuratif, de vouloir faire un mixe entre le figuratif et l’abstrait de m’exprimer librement sans contrainte, mettre mes émotions sur toile ou autre support. Je qualifie mes nouvelles créations d’expression créatives.
Diaporama
Dans un diaporama je présente quelques unes de mes toiles en parallèle avec celles des artistes qui m’ont influencé…
Ma recherche
Je réalise aussi que ça fais 20 ans que je peins et que ma vie s’organise autour de la peinture, je considère que c’est l’emploi que j’ai occupé le plus longtemps. Il me donne l’occasion d’innover, de toujours découvrir et d’apprendre, ce qui fait que le programme de l’UQAR en Pratique artistique est arrivé juste à point pour moi, pour aller plus loin.
Enfin un programme donné ici à Rimouski qui va me permettre comme artiste de mieux me connaître, de rencontrer des gens de toutes disciplines artistiques, d’échanger, d’approfondir et d’étudier ma manière de travailler pour être plus créative.
Je découvre aussi que je peux m’inscrire dans un nouveau programme en Arts visuels au CEGEP de Rimouski. (qui remplace l’ancien programme d’Arts plastiques), je pense y trouver des techniques nécessaires pour continuer d’avancer. Je m’inscris pour y suivre les cours pertinent à la peinture.
Ne me considérant pas comme une personne talentueuse mais plutôt comme une passionnée et une persévérante lorsqu’un domaine m’intéresse, ma recherche consiste donc à approfondir et assimiler des techniques pour avoir plus d’outils et pour être plus créative… l’étude de ma pratique m’amène à comparer mes expériences de travail et ma façon de créer et de peindre.
Cette recherche me fait découvrir que j’ai une façon de faire qui me distingue des autres, tout en constatant que je ne suis pas la seule à vouloir évoluer et aller plus loin dans ma peinture ou dans mon art, je peux partager ma passion avec d’autres passionnés.
Ma recherche m’a permis de faire un parallèle avec mes emplois précédents et de découvrir que ma façon d’apprendre est comme en mentra, je me permets donc d’utiliser ce mot comme figure de style… car pour moi connaitre, expérimenter, perfectionner, poursuivre autrement, me met dans un état d’esprit qui me stimule et me fait vibrer.
Mon but créatif en partant est de mixer le figuratif et l’abstraction, répondre au besoin des autres … tout en satisfaisant mon désir de faire une création en accord avec moi.
Je découvre la confiance
- de m’exprimer librement sans contrainte,
- de mettre mes émotions sur toile
- dans mes création d’oeuvres d’expression créative et
- aussi dans le figuratif.
Mon geste devient plus assuré, ma palette de couleurs plus personnalisée. J’ai le goût de travailler sur de plus grands formats.
Je peins pour moi et non pour les autres.
Mes cours au Cégep dans le nouveau programme en Arts visuels me font découvrir que je peux mixer ma peinture à d’autres formes de technique, que je peux exploiter mes oeuvres autrement et me font aussi découvrir un monde plus large que l’art pictural. Le monde des arts visuels est une grande porte ou je peux encore explorer et recommencer… certains aspects m’attirent, comme de travailler avec des équipements informatiques, la sculpture. D’autres moins comme les installations et les projets éphémères.
Mes interrogations ?
Je reste avec plein d’interrogations et je crois que c’est ce qui me garde active et alerte.
- L’Avenir de l’art comment sera-t-il?
- Que fera-t-on des oeuvres picturales, sculpturales et de toutes les oeuvres actuelles. Sont-elles menacées ? Comment réagirons-nous… ?
- Je m’interroge aussi sur ce que vont devenir les arts éphémères, tangibles, les arts traditionnels par rapport au numérique.
- Avec ce médium qu’est l’informatique ou nous conduira-t-il, comment s’en servir ? Comment l’intégrer à notre pratique ?
Monsieur Hervé Fisher parle de Beaux-arts numérique mais que deviendront-ils ? Je vous invite à lire quelques textes sur ce sujet son site http://www.hervefischer.com/textes.cfm qui portent à réflexion.
Retour paradoxal à la peinture à l’âge du numérique
Nouveau Naturalisme,
Nouvelle nature ,
Petit manifeste et
Tweet Art
- Comment seront-nous plus créatif, devrons nous créer des attentes ou des oeuvres, quels en seront les outils?
- Les grands peintres, les maîtres ont travaillé pour de grandes institutions, des églises, des mécènes … nous avons les musées, quelques grandes galeries et les galeries commerciales, et après …
- Comment intégrer nos oeuvres dans la vie de tous les jours: je pense entre autre aux maisons de grands couturier qui utilisent des oeuvres picturales sur leurs tissus …
- Il ya des organismes mondiaux et nationaux pour la protection des droits d’auteurs, sont-ils respectés? comment les faire respecter, comment s’impliquer individuellement ? Qu’est-ce que ça donne… !!!
- Que sera notre l’histoire de l’art ?… sûrement ce que nous en ferons… mais c’est un secret bien gardé qui nous appartient et que les générations à suivre découvrirons… Une phrase que Xavier Dolan à dit cette semaine a attiré mon attention:
l’Art peut changer le monde: il dit qui ont est
Le résultat de ma recherche
Chercher pour répondre à ces questions me fera avancer, me découvrir et être plus créative… Ça ne fait que commencer… recommencer. J’ai encore beaucoup de pain sur la planche… je ne suis pas prête d’arrêter car il y aussi tant à découvrir, à créer, à présenter … différentes façon de le faire, pleins d’opportunités pour être créatif …
Ça ne fait que commencer… recommencer … tel mon mentra
connaitre,
expérimenter,
perfectionner,
poursuivre autrement
me mettent dans un état d’esprit qui me stimule et me fait vibrer.
Je profite de l’occasion pour remercier tous ceux qui m’ont accompagné durant ma vie d’artiste comme maître, accompagnateur, supporteurs, participants à mes ateliers car ils m’ont fait grandir dans ce domaine.
Je veux aussi remercier publiquement mon conjoint qui depuis plus de 20 ans m’a supporter dans toutes mes activités autant comme peintre que comme organisatrice, vous le savez ce n’est pas toujours facile de vivre avec un ou une artiste… car souvent on oublie le quotidien.
Merci de votre attention et bonne fin de colloque.